LA BIENHEUREUSE ALYPIA, Folle-en-Christ de Kiev (1)

LA BIENHEUREUSE ALYPIA, Folle-en-Christ de Kiev (1)

 
 
 

Une tombe honorée


 
À la périphérie nord de Kiev, entre les bouleaux et les vieux sapins, le cimetière de Lesnoe s’étend sur plusieurs kilomètres. Au fond, à droite de la porte centrale, l’une des concessions du cimetière semble avoir rompu avec la non-existence et la captivité athée. Elle se distingue nettement de la prépondérance brun-noir de marbre désormais habituelle des pierres tombales et des dalles. Les croix blanches sur les tombes modestes parlent de la vie éternelle, transfigurée et joyeuse. Ce terrain de cimetière appartient à l’ancien couvent Florov, et ici reposent les moniales et le clergé, qui sont morts pendant la seconde moitié du siècle dernier.
Le cimetière Lesnoe a vu le jour dans les années 1960, quand l’higoumène du monastère de l’Ascension, Antonia Florov, apporta de l’argent au comité exécutif de la ville pour acheter huit concessions au cimetière. L’higoumène ne pouvait pas deviner, bien sûr, que cet endroit attirerait avec le temps les pèlerins de tous les coins de l’Ukraine, de la Biélorussie, de la Russie, et même d’outre-Atlantique.
À l’automne 1988, la bienheureuse moniale Alypia (Avdeeva) fut enterrée ici. Elle était connue dans le monde comme un folle-en-Christ et une staritza clairvoyante. Maintenant, l’honneur qui lui est rendu par le peuple de Kiev ne peut être comparé qu’à celui rendu à sainte Matrona de Moscou, même si la bienheureuse Alypia n’est pas encore glorifiée comme sainte. La documentation pour ce faire, est seulement recueillie et étudiée, mais de l’avis de l’higoumène de l’Ermitage du Pokrov [Protection de la Mère de Dieu] de Goloseyevsky, l’archimandrite Isaac (Andronik), qui a dirigé la restauration de ce monastère dans les années 1990, la bienheureuse moniale sera bientôt glorifiée parmi les saints. 
Soit dit en passant, la bienheureuse Alypia œuvra dans l’ascèse dans les ruines de l’Ermitage du Pokrov de Goloseyevsky, et pria ceux qui plurent à Dieu et vécurent là au cours des XVIIIe et XIXe siècles, dont certains y ont été enterrés: le Métropolite Philarète (Amphiteatrov † 1857) de Kiev, dont les reliques sont maintenant dans la laure de Caves de Kiev et son père spirituel, le Hiéromoine du Grand Schème Parthène († 1855); le Hiéromoine Théophile le fol-en-Christ († 1853) et le moine Païssi († 1893), et le staretz hiéromoine Alexis (Chepelev † 1917). Ce fut comme si la bienheureuse Alypia avait reçu le bâton spirituel transmis par les ascètes de Goloseyevsky, et elle pria de nombreuses années pour le renouvellement de ce monastère. Elle dit à ses enfants spirituels qu’elle resterait là „pour toujours, mais pas tout de suite.”
 
Mais revenons au cimetière de Lesnoe. J’ai d’abord visité la concession Florov dans les années 1990, avant l’éclatement de l’Union soviétique, alors que seuls les enfants spirituels de Matouchka Alypia étaient au courant de l’endroit où était sa tombe. Cela comprenait plusieurs moniales de Florov, qui me conduisirent à la tombe de la bienheureuse. En chemin, elles me parlèrent de la staritza, comment elle avait vécu dans le creux d’un énorme tilleul sur le territoire de la Laure des Caves de Kiev- jusques à sa fermeture en 1961, comment ses prières apportèrent des miracles de guérison et d’aide divine, et comment elle pouvait lire dans les cœurs de ceux qui venaient la voir comme dans un livre ouvert. Elle bénit beaucoup de gens pour le sacerdoce et la vie monastique, en arracha beaucoup aux griffes froides de nombreuses maladies mortelles, et en sauva beaucoup de la pauvreté et de l’échec écrasant de la vie.
 
d’après