Message de Noël de Théodore II, patriarche d’Alexandrie
« Un monde sans mères est un monde sans humanité », déclare le patriarche d’Alexandrie Théodore II, dans son message de Noël, que nous publions ci-après.
« Frères bien-aimés et bénis,
Il y a deux mille ans, un soir comme celui d’aujourd’hui, la Mère de Dieu a emmailloté Jésus le nouveau-né, afin de Le réchauffer. Quelques jours après, Jésus cherchera à nouveau la chaleur dans les bras de Sa mère, à nouveau dans l’obscurité, mais cette fois sur le chemin de l’Égypte, pour échapper à la colère et la fureur d’Hérode. Et durant toute Sa vie, qui avait commencé aussi humblement à Bethléem, la chaleur maternelle accompagnera toujours notre Seigneur. La Mère de Dieu suivait fidèlement et patiemment Jésus dans toutes Ses pérégrinations évangéliques, dans toutes Ses épreuves de la vie terrestre. En silence Elle Le suivait, en silence Elle L’assistait, en silence Elle vécut toutes les souffrances de Son Fils et Dieu. L’attitude de la Vierge a montré que l’amour maternel est un pilier irremplaçable de la vie humaine. L’attitude de la Vierge a manifesté les principes de douceur, de modestie et d’aide mutuelle. Et l’image de la mère qui couvre et protège, se reflétant dans la petite crèche, doit devenir la référence éternelle pour toutes les femmes dans le monde. Elle est le havre d’espoir lorsque s’éteignent même les lueurs de la lumière. Elle est le soutien du courage, lorsque les forcent manquent pour résister.
Cependant, de nos jours, lorsque l’homme ouvre l’un après l’autre les verrous de la science, lorsque l’homme perfectionne les moyens technologiques existants, lorsque l’homme a parfois l’illusion qu’il peut remplacer Dieu Lui-même, la femme, de par sa nature porteuse du changement et de la renaissance du monde, ne bénéficie pas encore du respect qui lui revient dans la société.
La place de la femme dans la société peut être mise à niveau institutionnellement. Mais les droits ne font pas cesser les abus. Il se peut que beaucoup de femmes passent la soirée de ce jour sans soucis avec les êtres chers, ayant tout ce qu’il faut sur la table de fête. Mais en même temps, beaucoup d’autres femmes ne peuvent ressentir l’atmosphère festive des jours de Noël.
Il y a des femmes qui sont devenues les victimes de trafics aux fins d’exploitation. Il y a encore celles qui sont battues par leurs propres maris, des femmes victimes de la violence familiale. Les femmes séropositives font l’objet de stigmatisation sociale. Mais il y a encore les femmes qui sont victimes du chômage à long terme, étant exclues des emplois. Il y a toutes les femmes qui luttent contre leur exclusion de la société.
Ce sont également ces femmes auxquelles, en période de difficultés économiques, la société propose de remplir en même temps plusieurs rôles : être épouse, mère, maîtresse de maison et encore travailler à l’extérieur. S’efforçant de satisfaire à toutes ces exigences sociales et à préserver un équilibre délicat, ces femmes sont exposées au stress, aux pressions, sont épuisées et brisées.
Dans les pays d’Afrique, au sud du Sahara, il y a des femmes qui attendent avec crainte et anxiété la venue au monde le don divin d’un être nouveau. Pour cette raison, dans cette région pauvre de notre planète, une femme sur seize meurt en raison des complications qui surviennent au moment de la grossesse ou de l’accouchement. La probabilité que leurs enfants orphelins meurent dans les deux ans suivant la mort de leurs mères est dix fois plus élevée.
Mes chers frères !
Un monde sans mères est un monde sans amour, et un monde sans respect de la femme comme source de la vie est un monde sans humanité. Ne permettons pas à la crise de notre temps de porter atteinte au respect des droits de la femme. En effet, les droits dépassent les sexes et les frontières. Ainsi, accordons le respect dû à la personnalité, au travail, au labeur, aux besoins et aux souhaits de la mère, de l’épouse, de la sœur, de la fille. C’est précisément ce respect, semblable à celui du juste Joseph envers la Mère de Dieu, que manifestent en actes les missionnaires contemporains en Afrique, déployant des réseaux d’aide humanitaire centrés sur la femme qui, quotidiennement, travaille, lutte et endure. Certes, les fonds sont insuffisants, en raison de la crise économique. Il n’en est pas moins vrai que l’espoir d’un avenir meilleur ne peut exister sans respect pour la femme, qui porte le don divin de la vie. L’espoir d’un avenir meilleur ne peut exister sans la défense du droit à une maternité sans risque. Cette maternité, qui fut une fois un soir comme celui d’aujourd’hui par la Mère de Dieu dans une humble crèche! »
Source : Patriarcat d’Alexandrie. Photographie : Pravoslavie.ru via http://www.orthodoxie.com