« Personne et nature », un nouveau livre de Jean-Claude Larchet

« Personne et nature », un nouveau livre de Jean-Claude Larchet

Personne et natureJean-Claude Larchet vient de publier aux éditions du Cerf un nouveau livre, intitulé «Personne et nature, La Trinité – Le Christ – L’homme » (collection « Théologies », 403 p.).
Ce livre rassemble les œuvres dogmatiques de l’auteur.
Il reprend ses deux études célèbres sur « La question du Filioque » et « La question christologique. À propos du projet d’union entre l’Église orthodoxe et des Églises non chalcédoniennes », après les avoir actualisées en fonction des publications et déclarations parues depuis leur première édition jusqu’à cette année.
La deuxième étude est complétée par une étude, précédemment parue dans la revue de l’Académie théologique de Moscou mais encore inédite en français, sur les fondements et la nature du monophysisme de l’Église arménienne ».
Une quatrième étude, totalement inédite, qui occupe la moitié du livre, soit près de deux cents pages, est « Une critique orthodoxe des théories personnalistes de Christos Yannaras et de Jean Zizioulas »; l’auteur développe, approfondit et complète ici les critiques dont ces deux représentants du mouvement néo-orthodoxe grec font maintenant l’objet dans l’ensemble du monde orthodoxe. 
Ces quatre études ont en commun de critiquer des fausses conceptions, anciennes ou modernes, des notions de personne ou d’hypostase et d’essence ou de nature et de leurs relations, dans la Trinité, dans le Christ ou dans l’homme, et de présenter, à travers cette critique, une clarification et un approfondissement de celles-ci en accord avec la tradition des Pères et la foi orthodoxe.
Dans son avant-propos à cette œuvre qui se situe dans l’esprit et le style apologétiques qui était ceux de la plupart des Pères, l’auteur explique ainsi sa démarche:

« Les notions de personne (ou d’hypostase) et de nature (ou d’essence) sont des notions de base de la théologie trinitaire, de la christologie, de l’anthropologie et de la spiritualité chrétiennes. Élaborées progressivement et avec peine, tant en elles-mêmes que dans leurs relations, durant les six premiers siècles, elles ont été au cœur des controverses et des dialogues théologiques de toutes les époques. Presque tous les désaccords et tous les accords concernant la foi ont mis en cause leurs définitions, leur déséquilibre ou leur équilibre.
Aujourd’hui encore, ces notions restent au cœur des discussions théologiques entre chrétiens en quête d’unité, qu’il s’agisse du dialogue entre orthodoxes et catholiques ou protestants sur la question du Filioque (l’un des principaux obstacles dogmatiques à l’union des différentes confessions chrétiennes), du dialogue entre l’Église orthodoxe et les Églises non chalcédoniennes sur la personne et les natures du Christ, ou encore du débat suscité par les théories personnalistes de certains représentants du mouvement néo-orthodoxe grec qui entendent contrebalancer tant l’essentialisme de la théologie latine que le piétisme qu’ils attribuent, à tort ou à raison, à certaines formes de spiritualité orthodoxe.
Les études rassemblées dans ce volume constituent des contributions majeures à ces différentes dimensions du dialogue interchrétien et interorthodoxe contemporain.
Il est significatif que les deux premières d’entre elles aient été publiées dans presque tous les pays orthodoxes, le plus souvent dans des revues officielles, et restent, plusieurs années après leur parution, régulièrement citées comme des études de référence.
À notre époque où le dialogue est devenu feutré (au point de contourner ou de cacher toutes les divergences susceptibles de révéler une désunion), le caractère vigoureusement critique de certains de ces textes pourra surprendre. Faut-il rappeler que, si l’on écartait tous les textes théologiques des Pères qui présentent un tel caractère, il n’en resterait presque aucun, et que c’est dans la controverse que, historiquement, la théologie chrétienne s’est constituée et développée, à tel point que, quand les occasions concrètes faisaient défaut, la “disputatio” comme genre d’exposition s’y substituait?
Dans tous les cas, il s’agit ici de clarifier le débat en dénonçant des compromis ou des confusions qui constituent autant d’obstacles de fait à une solution véritable et définitive des problèmes en cause.
Derrière l’aspect critique de ces textes, on trouvera un réel approfondissement des concepts mis en jeu, et au-delà de leur caractère engagé et circonstanciel, une réflexion théologique de portée universelle susceptible d’intéresser tous les chrétiens soucieux d’approfondir leur foi.
Nous espérons que s’applique à toutes ces études ce qu’écrivait l’éditorialiste de la revue où parut pour la première fois la première d’entre elles : “De nos jours, la théologie spéculative est elle-même mise en suspiscion; on lui préfère les bonnes paroles rassurantes, voire passe-partout. Ils sont révolus les temps anciens où les controverses trinitaires et christologiques passionnaient non seulement les initiés, mais aussi les simples fidèles, ou ces jours récents ou les problèmes œcuméniques agitaient l’Église. À cet égard, cette belle étude possède une vertu en soi, indépendamment du thème qu’elle aborde: par sa rigueur, son élévation, sa sérénité, elle redonne le goût de la théologie. Celui qui fera l’effort de la lire sera récompensé: il y trouvera une nourriture aussi bien pour l’intelligence que pour l’âme.” »