Saint Florent de Strasbourg: Vie (R)

Saint Florent de Strasbourg: Vie (R)

 
 
 
icône de SAINT FLORENT DE STRASBOURG sur 
 
A l’époque où le roi Dagobert régnait sur les français, saint Florent vint d’Irlande en Alsace avec saint Arbogaste, saint Théodore et saint Hudulphe. Argobaste fut fait évêque de Strasbourg et Florent s’arrêta dans une forêt appelée Hasle, où il commença à cultiver la terre pour subvenir aux nécessités de la vie. Après qu’il se fût construit un petit logement dans cet endroit, les biches et les autres bêtes sauvages sortirent de l’épaisse forêt et s’accoutumèrent à venir près de sa retraite, ravageant la terre qu’il avait pris tant de peine à labourer. Le saint n’avait rien qui lui permît de se débarrasser de ces animaux, mais il était animé d’une grande confiance en Dieu et ce fut dans cette disposition qu’il commanda à toutes ces bêtes sauvages de venir à l’entrée de sa cellule et de s’y arrêter.
 
Le roi Dagobert demeurait alors dans son palais de Kirkeim. Un jour il envoya ses officiers à la chasse. Ils parcoururent la campagne avec leurs chiens, ils allèrent par monts et par vaux et dans tous les bois sans rencontrer aucune bête. Ils arrivèrent enfin jusques à la cabane du serviteur de Dieu Florent et furent surpris de voir à l’entrée de celle-ci une si grande multitude de bêtes sauvages qui paraissaient immobiles, comme si on les avaient enchaînées. Cet événement les mit en colère contre le saint qu’ils ne connaissaient point, de sorte qu’ils lui arrachèrent de force sa tunique et s’en allèrent. Florent se mit aussitôt à les suivre, leur proposant aussi de prendre une hache, seule possession qui lui restait, mais les chasseurs s’éloignèrent vivement, et, parvenus au bord d’un ruisseau, ne purent aller plus loin: leurs chevaux ne voulant plus avancer. Ils eurent beau les encourager de la voix, les éperonner, ils ne purent les faire avancer d’un pas. Enfin, se disant que leur mésaventure pouvait venir du mauvais traitement qu’ils avaient fait subir à notre saint, ils retournèrent à sa cellule, et lui rendirent son manteau. Aussitôt leurs chevaux marchèrent comme ils voulurent et ils retournèrent près du roi pour lui raconter ce qui leur était arrivé.
 
Le roi ordonna qu’on sellât sur le champ son meilleur cheval, l’envoya au saint lui demandant de venir le trouver. Florent ne voulut pas se servir du destrier et se contentant de monter sur un âne, il vint au palais du roi. Lorsqu’il parvint à l’entrée du château, la princesse fille du roi qui était aveugle et avait perdu l’usage de la parole, fut éclairée et commença à parler, appelant saint Florent par son nom alors que personne ne le savait. Notre saint entra au palais et comme il se disposait à aller trouver le roi, il fit encore en paraissant devant lui quelques miracles qui causèrent l’admiration de tous les témoins et lui attirèrent avec tant d’affection les bonnes grâces du roi, que ce prince lui donna un territoire considérable de la forêt où était sa retraite et où il bâtit un monastère appelé Hasle (aujourd’hui Haslach). Il s’y retira plusieurs personnes qui embrassèrent l’état monastique et s’y consacrèrent entièrement au service de Dieu.
 
A la mort d’Arbogaste, malgré sa réticence et ses protestations dues à sa grande humilité, il se résigna à accepter la charge d’évêque de Strasbourg. Après avoir passé sa vie dans les travaux de pénitence dans une longue suite de bonnes œuvres, il s’endormit en paix et s’en alla régner éternellement au ciel avec le Christ. Il était de naissance illustre dit-on, mais ses vertus chrétiennes le rendirent bien plus célèbres que sa naissance.

Saint Florent de Strasbourg, prie Dieu pour nous!
Version adaptée de La vie des Saints Pères d’Occident, 
Paris 1757